Interview de Alec Longstreth
Biographie
Où êtes-vous né et où vivez-vous aujourd’hui ?
Je suis né en 1979 à Seattle, Washington, où il pleut plus de 300 jours par an. En 1998, je suis allé au collège à Oberlin, Ohio, pas loin de Cleveland. Après avoir obtenu mon diplôme, j’ai passé 4 mois à Los Angeles, puis 4 mois en Californie et 4 mois à Sydney, en Australie. Je suis retourné aux États-Unis et j’ai vécu à Portland, en Oregon, pendant un an avant de déménager à New York en 2004 pour étudier l’illustration au Pratt Institute. En 2008, j’ai déménagé à White River Junction, au Vermont, pour devenir membre du Centre for Cartoon Studies (CCS). J’ai fini par y rester quatre ans et travailler comme membre de la faculté du CCS. En 2012, j’ai déménagé dans la région de la baie de San Francisco et en 2016, ma femme et moi avons déménagé à Santa Fe, au Nouveau-Mexique (où elle a grandi) pour élever nos deux filles. Nous avons acheté une maison ici, il semble que je vais passer le reste de ma vie dans le désert, où il y a plus de 300 jours de soleil par an. C’est bien ici, mais la pluie me manque.
Quelles sont les maisons d’édition “small press” et plus officielles avec lesquelles vous avez collaboré ? Ou avez vous fait de l’auto-édition, avec un nom de structure ?
En 2002, j’ai commencé le comics "Phase 7" qui était la bannière sous laquelle j’ai auto-publié mes bandes dessinées. Ce comics en est actuellement à son numéro 23. À mesure que les éditions originales sont épuisées, je crée des recueil pour l’impression à la demande qui rassemblent des histoires complètes ou des arcs narratifs en un seul volume. J’en ai sorti six. Je n’ai jamais publié aucune de mes bandes dessinées avec un éditeur traditionnel aux États-Unis, et je n’ai actuellement aucun intérêt pour ça. Depuis que j’ai auto-publié mon roman graphique "Basewood" en utilisant Kickstarter (ce qui a été une expérience très positive pour moi), j’ai refusé toutes les offres d’édition et je préfère continuer à m’auto-publier.
En Belgique et en France, "Phase 7" et "Basewood" ont été publiés par L’employé du Moi. Ces titres devaient également être publiés en Espagne chez un éditeur indépendant qui n’a jamais vraiment vu le jour. C’est la vie !
J’ai fait des histoires courtes pour des éditeurs traditionnels (Dark Horse Comics, Three Rivers Press, Villard) et j’ai eu d’autres histoires courtes publiées dans un certain nombre d’anthologies de la "small press" (Hey, Four-Eyes !, Sidewalk Bump, Papercutter, Pencil Fight, Not My Small Diary, Elfworld, etc.)
Comment avez-vous appris votre métier d’auteur ?
Comme la plupart des dessinateurs de BD, je lisais avidement des bandes dessinées quand j’étais enfant (surtout Barks, Hergé et Watterson) et, à un moment donné, j’ai fait mes propres bandes dessinées. J’ai créé mes personnages de "The Tasgucks" au lycée et j’ai dessiné plus de 100 pages, assis au fond de la classe pendant le cours d’allemand (mein Deutsch ist nicht sehr gut). Quand j’avais 20 ans, à l’université, j’ai lu "Understanding Comics" de Scott McCloud. Soudainement, j’ai réalisé la puissance de ce médium narratif et j’ai décidé que je voulais dessiner des bandes dessinées pour le reste de ma vie. Cette année-là, j’ai commencé à dessiner des bandes dessinées hebdomadaires pour le journal des étudiants, et l’année suivante, j’ai dessiné une autre bande dessinée hebdomadaire pour un journal « alternatif ». Quand j’ai obtenu mon diplôme, j’ai commencé "Phase 7" et j’ai continué à essayer de m’améliorer tout seul. Je sentais que je me heurtais à un mur avec mon quatrième numéro et suis allé à l’école d’art pour suivre une formation plus cadrée. Bien sûr, au Pratt Institute, personne ne comprenait la bande dessinée, ce qui fait que je me suis toujours considéré toujours comme autodidacte, bien que le Pratt m’a permis de découvrir beaucoup de techniques utiles (composition, perspective, dessin d’après nature, théorie des couleurs, etc.)
Vivez-vous de votre art, sinon comment faites-vous pour tenir le coup ?
Je ne connais qu’un ou deux dessinateurs qui ne vivent que de leurs bandes dessinées. Je gagne ma vie grâce à une combinaison d’emplois liés à la bande dessinée. Tout d’abord, je travaille en tant que directeur de la diffusion académique du Center for Cartoon Studies (CCS). Je travaille à distance et je fais de nombreuses conférences numériques dans les écoles d’art des États-Unis, faisant connaître le CCS tout en partageant certaines de mes connaissances en BD. Je fais également un journée de présentation du CCS chaque semestre à un endroit différent des États-Unis, et je travaille sur divers projets en ligne pour l’école. Je travaille également en tant qu’illustrateur indépendant pour divers magazines, groupes et organisations pour enfants aux États-Unis. Je travaille aussi en tant que coloriste pour d’autres dessinateurs comme Aaron Renier et Vera Brosgol. Enfin, je donne des ateliers dans diverses écoles à travers le pays et à l’étranger. Environ 10% de mon revenu provient actuellement de mes bandes dessinées : vente de mes minicomics à des conventions et en ligne, impression à la demande de recueils, mon compte Patreon.com (pour mon webcomic "Isle of Elsi"). Tout cela paye les factures.
Auto-édition
Par qui/comment s’est fait votre premier contact avec la scène de l’auto-édition ?
J’ai eu la grande chance de me retrouver, par hasard, à une table de convention avec Nate Beaty lors d’un festival de fanzine, en 2003, à Portland. Nate est un dessinateur, programmeur informatique et concepteur incroyable ! Il m’a présenté à Ezra Claytan Daniels et Aaron Renier, qui, avec Nate, ont été mes premiers vrais amis dessinateurs. Ils m’ont appris beaucoup de choses sur les bandes dessinées et l’auto-édition. Je suis toujours proche d’eux aujourd’hui et je suis reconnaissant de les avoir eus dans ma vie pendant tant d’années.
Pourquoi avez vous décidé de vous auto-éditer ?
J’aime l’immédiateté de l’auto-édition. Vous venez avec une idée, vous la dessinez, vous la faites imprimer, vous l’envoyez dans le monde. C’est l’une des formes les plus pures de l’expression artistique, sans beaucoup de commentaires éditoriaux inutiles ou de préoccupations commerciales. En tant que dessinateur, vous avez un contrôle total sur le livre - si c’est génial, c’est à cause de votre travail, si c’est horrible, c’est aussi à cause de vous ! J’aime l’auto-édition et j’en ferai jusqu’au jour de ma mort.
Quelle est la meilleure partie dans l’auto-édition ? Fabriquer le récit, fabriquer le livre, la rencontre avec le public, la participation à une communauté ?
Je pense que ce que je préfère, c’est de participer à la communauté et de rencontrer le public. J’ai illustré un livre pour l’un des plus grands éditeurs aux États-Unis - le cinquième livre d’une série, avec un tirage ÉNORME - il était dans chaque librairie, chaque bibliothèque, je l’ai vu dans les aéroports - qui sait combien de centaines de milliers d’exemplaires il a vendu. Et pourtant, je n’ai jamais entendu parler de quelqu’un qui l’ai lu. Jamais un "c’était cool !" ou "J’ai détesté ça" ou "comment as-tu dessiné ça ?" ou n’importe quel commentaire. C’est complètement impersonnel - le lecteur a acheté le livre dans un magasin, ou en ligne, et il n’a aucune idée de la personne qui se trouve derrière ces dessins.
Mais quand je publie moi-même un comics avec un tirage de seulement 500 exemplaires, quelqu’un me l’achète lors d’un festival, ou le commande sur mon site Web et je le mets dans une enveloppe et je l’envoie par la poste. Le lecteur sait que je l’ai fait et l’ai mis entre leurs mains. A chaque numéro, j’ai des dizaines d’échanges avec mes lecteurs : des lettres, des courriels, des notes sur les médias sociaux, des gens qui viennent me voir à un festival pour me dire ce qu’ils ont pensé de l’histoire. J’aime être dans une pièce géante remplie d’un tas d’autres personnes qui font leurs propres bandes dessinées et les exposent au monde. Ils sont comme ma famille artistique.
Quelle est votre meilleure expérience d’auto-édition ?
Il y en a trop à raconter ! Chaque fois qu’il y a une nouvelle commande dans ma boîte mail, ou que quelqu’un dépense son argent durement gagné pour acheter une de mes bandes dessinées lors d’une convention, je lui en suis profondément reconnaissant. La capacité de raconter n’importe quelle histoire et de la partager avec les gens est un sentiment incroyable. Je veux juste pouvoir continuer à faire ce que je fais actuellement.
Est-ce que l’auto-édition vous coûte de l’argent, vous rapporte, ou a un bénéfice nul ?
J’ai franchi avec "Phase 7" le seuil de rentabilité pour ce qui est de couvrir les frais d’impression. Mais si vous comptez les centaines (ou les milliers !) d’heures de travail que nécessitent la création d’un livre, alors non, je ne gagne rien avec mes bandes dessinées. Mais comme l’a dit le poète Robert Graves : « Il n’y a pas d’argent dans la poésie, et il n’y a aucune poésie dans l’argent ».
Êtes-vous un éditeur ou un distributeur pour le travail d’autres personnes ? Si oui, comment est-ce arrivé ?
En 2017, j’ai lancé "Phase Eight Publishing" et publié "A Process of Drastically Reducing One’s Expectations" de Gabby Schulz (alias Ken Dahl), un recueil de 400 pages. Au fil des années, j’ai développé mes compétences en matière de conception de livres et ça ne présente pas de difficultés ni beaucoup de travail de mettre en page un livre pour l’édition en print-on-demand. Je ne peux sortir qu’un livre par an, maximum. C’est essentiellement de l’auto-édition par procuration. Je veux surtout travailler avec mes amis et essayer de sortir un travail qui pourrait ne pas voir le jour si je ne le publias pas. Mon but est d’inverser le modèle d’édition traditionnel (90% -95% conservé par l’éditeur, 5% -10% donné à l’auteur, APRÈS que leur avance soit remboursée). Je fais une répartition de 90/10 avec le créateur, celui-ci gardant la plus grande partie de l’argent, le reste servant à me payer un peu et couvrir les frais (ISBN, tirage initial, etc.). J’ai prévu environ cinq projets, allant des livres d’illustration aux fanzines en passant par des recueils de bandes dessinées, et on verra bien comment ça se passe ...
Quel rôle joue les salons et les conventions de micro-édition dans votre pratique de l’auto-édition ?
Depuis 2002, je fais 4 à 6 festivals par an. C’est un super moyen de rester en contact avec la scène du minicomic, voir les anciens amis, s’en faire de nouveaux, promouvoir son travail et puis découvrir de nouvelles villes aux Etats-Unis, au Canada ou à l’étranger. L’année où j’ai publié "Basewwod", j’ai fait 14 festivals et j’ai frisé le burnout. A tel point que j’ai mis un an à m’en remettre. Depuis que j’ai des enfants, je ne fais plus qu’un ou deux festival par an. Je préfère me focaliser sur l’un ou l’autre événement et en profiter à fond ! On verra bien à combien de festivals je pourrai aller lorsque mon prochain livre sera publié, maintenant que j’ai deux enfants. Mais il y a bien un jour où les enfants seront assez grands pour que l’on puisse faire ce genre de choses tous ensemble, en famille.
Gardez vous une archive de vos fanzines ? Comment les conserver-vous ?
Oui, j’ai des boîtes noires d’archives (pas de lumière, sans acide, etc.) avec le premier et le dernier exemplaire de chacun de mes numéros, ainsi que des copies de mes livres, etc. Je donne aussi des copies de chaque numéro et de mes livres à la bibliothèque Schulz au CCS, pour une sauvegarde au cas où ma maison brûlerait.
Où imprimez-vous vos fanzines ? Est-ce que vous passez par un imprimeur ou chez un copy-shop ?
Chaque fois que je déménage, c’est un processus complet de recherche de nouveaux imprimeurs. J’effectue habituellement des impressions tests dans divers magasins de photocopie et chez des imprimeurs, puis j’obtiens des devis pour comparer quand un nouveau numéro est prêt. J’ai eu un imprimeur incroyable dans la région de la baie - la plus haute qualité et des prix vraiment bon marché. Chaque fois que je dois imprimer un numéro à Santa Fe, je grince un peu des dents en pensant à la Californie.
Est-ce que vous lisez beaucoup de zines et de mini-comics ?
Je dirais que la plupart des bandes dessinées que je lis sont des zines et comics auto-édités. Quand je suis à une convention, j’essaie vraiment de faire le tour et d’acheter beaucoup de bandes dessinées et de faire des échanges avec autant de personnes que possible. J’ai enseigné au CCS pendant 8 ans (dont 4 ans à distance), donc à n’importe quel convention, j’ai une poignée d’étudiants dont je veux rattraper le travail. A la maison, j’ai des piles massives de lecture en retard de tous ces super fanzines. J’essaie de les lire dans l’ordre où je les ai reçus, et je fais toujours un gros effort de lecture avant de partir à une convention afin que la pile ne devienne pas encore plus grosse à mon retour !
Est-ce que vous pensez que votre pratique de l’auto-édition est lié à votre situation géographique ? à l’organisation du marché de la bande dessinée aux USA ?
Ugh, la scène de la bande dessinée à Santa Fe est si déprimante ! Je ne connais que deux autres auteurs dans tout l’état du Nouveau-Mexique et ils vivent tous les deux à Albuquerque (une heure en voiture, et je n’ai pas de voiture !). C’était tellement amusant et excitant de vivre dans des endroits comme Portland, Oregon ou Brooklyn, New York, où il y a une scène de bande dessinée dynamique et active. Vous apprenez tellement plus parmi d’autres auteurs, et il y a une couche supplémentaire de motivation parce que les gens autour de vous créent constamment de nouveaux trucs. Maintenant, je ne ressens plus ce sentiment que lorsque je suis à une convention, entouré des locaux et des gens qui ont voyagé pour y venir.
Beaucoup de dessinateurs profitent des conventions pour finaliser leurs projets, pour pouvoir les présenter au salon. J’ai des abonnés pour "Phase 7", donc je suis pas dépendant de ces deadlines. Chaque fois que j’ai un nouveau numéro, je l’imprime et l’envoie à plus de 200 personnes. Je peux le faire de n’importe où - et je l’ai fait de n’importe où ! Ha ha.
Edition
Quel a été votre premier éditeur ? Connaissaient-ils votre travail grâce à l’auto-édition ?
L’employé du Moi ! Le dessinateur belge David Libens a trouvé mes comics dans un magasin de BD de New York et les a ramenés à Bruxelles. David les a montrés à Max de Radiguès et lui et moi avons démarré une correspondance et échangé des comics. Max m’a lancé l’idée de rassembler des récits issus de "Phase 7" dans un livre, et comme je n’ai aucun moyen de m’éditer à l’étranger (et en français, en plus !), j’ai accepté avec joie ! Nous n’avons jamais signé de contrat ou quoi que ce soit. Ils ont traduit le livre, j’ai tout re-lettré à la main, et ils ont fait imprimer les livres. Je suis venu à Angoulême en 2009 pour promouvoir le livre et c’était ma première fois en Europe, une expérience qui a changé ma vie. J’aime tellement tous ces gars-là ! C’était une expérience tellement positive. Je voudrais pouvoir visiter l’Europe plus souvent. J’ai besoin de faire un autre livre qui puisse être traduit ! Ha ha.
Avez-vous continué à autopublier depuis ? Pourquoi ?
Ici, aux États-Unis, je ne vois aucune raison de faire publier mon travail. J’ai imprimé 2000 exemplaires de "Basewood" et grâce à l’aide généreuse de mon collègue Chris Pitzer chez AdHouse Books (un petit éditeur), j’ai pu entrer dans le système de distribution directe (qui le place également sur Amazon.com). Je l’ai également vendu sur mon site. Il a fallu quatre ans pour écouler la totalité du tirage, et maintenant j’ai mis en place une édition imprimée à la demande qui sera toujours disponible. Chaque page de bande dessinée que j’ai jamais dessinée est imprimée et disponible ! Si ce même travail était publié de façon traditionnelle, il pourrait être épuisé et ne plus être disponible.
Allez-vous continuer à auto-éditer dans les prochaines années ?
Absolument ! Je peux toujours changer d’avis, mais pour l’instant, je n’ai pas l’intention de publier mes bandes dessinées aux États-Unis via le circuit des grandes maisons d’édition. Beaucoup de mes amis auteurs ont publié des romans graphiques avec les plus grands éditeurs, et la plupart d’entre eux ont eu une expérience horrible. Trop souvent, les livres ne reçoivent pas le soutien éditorial et promotionnel approprié parce que le personnel est trop dispersé et qu’il y a trop de livres. Si un éditeur dépasse 52 livres par an, cela ne représente qu’une semaine par livre ! Oublie ça !
Plutôt que de me focaliser sur ma BD comme principale source de revenus, ce qui m’obligerait tout à coup à m’assurer que tout ce que je fais est 100% commercialisable par mon agent ou mon éditeur (et cela sans aucune garantie de succès ! ), je veux juste continuer à faire ce que je fais déjà. Créer les histoires que je veux faire et les diffuser. Si quelque chose que je crée a un succès populaire et que j’ai besoin de passer au niveau supérieur de l’impression et de la distribution, je retrousserai mes manches et trouverai comment faire ça. Pour l’instant, j’aime travailler dans mon petit coin de la communauté américaine de la bande dessinée.
Pour vos livres qui sont passés de l’auto-édition à l’édition, quelles questions de remontage ou de format se sont posés ? Comment voyez-vous la relation entre les deux ?
Je sais que je devrais me pencher bien plus sur la fabrication de mes comics, mais je ne le fais pas. Ils n’existent que pour mettre mes bandes dessinées entre les mains des gens. Même le comics le plus crasseux de nos jours est imprimé sur du papier bien meilleur que le papier journal sur lequel ils étaient imprimés quand j’étais petit ! Les livres à la demande que je publie moi-même, ne sont pas non plus excellents en termes de qualité. Ils ont une couverture grasse et le papier n’est pas terrible. Mais je n’ai pas à stocker des cartons de livres, il n’y a pas de commande à exécuter. Je n’ai rien à faire : quelqu’un commande un livre, l’entreprise l’imprime et l’expédie, je reçois un peu d’argent sur mon compte. Donc, la qualité médiocre du livre vaut le coup au vu de ce compromis.
Mais quand je suis vraiment fier d’un projet, comme "Basewood" que j’ai mis 11 ans à terminer, je mets le paquet. Ce livre était surdimensionné (9 "x 12", 22,9 cm x 30,5 cm), couverture rigide, avec papier couverture texturé, titre embossé, gardes en pantone, papier intérieur épais, belle impression offset - et avec un prix de seulement 17 Euros environ. Si un éditeur traditionnel avait fait le même livre (ce qui ne serait pas le cas, car très peu d’éditeurs américains se soucient de la qualité de production de leurs livres), il aurait coûté deux fois plus cher. Les gens prennent "Basewood" et disent "Whoa ..." parce que c’est un bel objet, puis ils voient le prix et l’achètent très facilement.
Je suis en train de planifier mon premier recueil de "Isle of Elsi", mon webcomic fantasy pour enfants, et ce sera mon premier projet imprimé en couleur. Je voudrais qu’il soit d’une qualité similaire. Je suis impatient de lancer le Kickstarter l’an prochain, en 2019.
L’exposition
Vous pouvez nous parler des travaux que l’on peut voir dans l’exposition ?
Il y a quelques pages de "Basewood", qui sont très grandes et détaillées (c’est pourquoi j’ai mis tant de temps à le terminer !). Il y a aussi une séquence de "Summer Stock", une histoire courte qui était dans Papercutter #6, une anthologie publiée par mon ami Greg Means, chez sa maison d’édition Tugboat Press. C’est une de mes séquences préférées sur la façon dont mon ami Dan et moi avons changé un décor quand nous étions machinistes sur une production de The Music Man. Il y a aussi quelques pages de mon histoire "Transition" sur ce jour fatidique où j’ai lu "Understanding Comics" de Scott Mc Cloud pour la première fois et qui a changé ma vie pour toujours. Enfin, il y a l’introduction au recueil "Phase 7", publié par L’employé du Moi, qui raconte l’histoire de David Libens découvrant mes bandes dessinées et les montrant à Max de Radiguès. Hormis les pages de "Basewood", toutes les autres apparaissent dans le recueil "Phase 7" publié par L’employé du Moi. J’aimerais pouvoir voir l’exposition ! J’espère que tout le monde l’appréciera.