Interview de Charles Forsman
Biographie
Où êtes vous né et où vivez-vous aujourd’hui ?
Je suis né à Harrisburg, Pennsylvanie, États-Unis. Je vis actuellement à Adams, Massachusetts. J’ai aussi vécu dans le Vermont, à Los Angeles et à Rhode Island.
Quelles sont les maisons d’édition “small press” et plus officielles avec lesquelles vous avez collaboré ? Ou avez vous fait de l’auto-édition, avec un nom de structure ?
Je me suis principalement publié sous mon nom ou sous "Oily Comics".
Comment avez-vous appris votre métier d’auteur ?
J’ai essayé d’apprendre seul, mais le Center for Cartoon Studies m’a vraiment donné un coup de fouet et m’a permis de faire des bandes dessinées.
Vivez-vous de votre art, sinon comment faites-vous pour tenir le coup ?
J’en vis. Pendant un certain temps, j’ai fait du graphisme pour compléter ce que je gagnais avec la bande dessinée, mais maintenant la plupart de mes revenus proviennent du site où je publie une bande dessinée appelée "AUTOMA".
J’ai dû quitter précipitamment le dernier boulot alimentaire que j’avais pour déménager dans un autre Etat. Il n’y avait pas beaucoup d’emplois là où j’ai atterri, ça m’a forcé à faire plus de bandes dessinées et à gagner ma vie avec.
Auto-édition
Par qui/comment s’est fait votre premier contact avec la scène de l’auto-édition ?
Je pense qu’Alec Longstreth a été la première personne que je connaissais à faire ses propres publications. Il a une telle passion et une telle volonté de partager que cela m’a aidé à réaliser que je pouvais moi aussi le faire.
Pourquoi avez vous décidé de vous auto-éditer ?
Cela semblait être la meilleure façon de commencer à publier. Je savais qu’aucun éditeur ne publierait mon travail alors je l’ai fait moi-même. Je savais que je devais encore beaucoup évoluer avant d’en arriver au point où les éditeurs seraient intéressés. De plus, c’est un excellent moyen d’expérimenter et de se planter. On devrait tous faire ça. C’est une grande partie de l’apprentissage.
Quelle est pour vous la meilleure partie de l’auto-édition ? Faire l’histoire, faire le livre, rencontrer le public, participer à une communauté ?
La meilleure partie pour moi est l’écriture et la conception. C’est la partie la plus satisfaisante. Faire le job.
Quelle est votre meilleure expérience d’auto-édition ?
Je pense que ce sont les retours que j’ai eu des lecteurs quand je publiais "The end of the fucking world" en fanzines vendus pour un dollar. Incroyable qu’un format aussi simple et bon marché puisse quand même communiquer les sentiments que je couchais sur le papier. Et voir les gens réagir à ça a changé ma vie.
Est-ce que l’auto-édition vous coûte de l’argent, vous rapporte, ou a un bénéfice nul ?
J’essaie que ça rapporte de l’argent. La meilleure façon de le faire est de posséder ses moyens de production. J’imprime mes livres chez moi sur une imprimante laser de bureau. Je suis capable de réduire les coûts en faisant tout le travail de production moi-même.
Êtes-vous un éditeur ou un distributeur pour le travail d’autres personnes ? Si oui, comment est-ce arrivé ?
J’avais l’habitude de publier le travail d’autres personnes via "Oily Comics". Ça a commencé comme un truc amusant et ça s’est transformé en un super travail à temps plein pendant deux ans. Je me suis beaucoup amusé et si jamais je manque d’idées en bandes dessinées, je le ferais probablement à nouveau. Je pense que j’en suis venu à cette idée parce que c’était la meilleure manière de mettre des bandes dessinées réalisées par mes amis et aux autres dessinateurs que j’admirais, entre les mains des gens.
Quel rôle joue les salons et les conventions de micro-édition dans votre pratique de l’auto-édition ?
Au début, ils ont joué un grand rôle. C’est souvent le meilleur moyen d’obtenir de nouveaux lecteurs et de trouver des artistes partageant les mêmes idées. Je ne les fais plus autant dernièrement parce que c’est assez épuisant pour moi et beaucoup d’auteurs de ma génération ont arrêté de le faire. C’est une bonne chose en fait. Les nouvelles générations arrivent et prennent le relais.
Gardez vous une archive de vos fanzines ? Comment les conservez-vous ?
Je garde les numéros spéciaux à mes yeux dans un classeur avec des pochettes en plastique. Je ne suis pas très organisé, mais je suis content de l’avoir fait dès le début parce que je n’aurais plus d’exemplaires autrement.
Où imprimez-vous vos fanzines ? Est-ce que vous passez par un imprimeur ou chez un copy-shop ?
J’imprime à la maison.
Est-ce que vous lisez beaucoup de zines et de mini-comics ?
Plus autant qu’avant. Je suis moins curieux qu’avant. Je pense que c’est juste parce que j’ai trouvé mon rythme en tant qu’artiste. Je suis moins intéressé par ce que les autres font et je veux me concentrer sur mes propres trucs.
Est-ce que vous pensez que votre pratique de l’auto-édition est lié à votre situation géographique ? à l’organisation du marché de la bande dessinée aux USA ?
Je vis dans une très petite ville. Donc, être en mesure de poster mon travail aux lecteurs est vraiment la seule façon de le faire circuler. J’étais plus déterminé, il y a quelques années, pour essayer de placer mes livres dans les magasins de bande dessinée, mais c’est un boulot fatiguant. C’est un rude combat d’attirer l’attention des libraires. Il y a évidemment un groupe de libraires qui soutiennent la small press, mais ils ne sont pas nombreux.
Edition
Quel a été votre premier éditeur ? Connaissaient-ils votre travail grâce à l’auto-édition ?
Je pense que Fantagraphics a été le premier. Oui, ils connaissaient mon travail. J’ai envoyé tout ce que j’avais fait à Eric Reynolds et il est devenu mon éditeur.
Avez-vous continué à autopublier depuis ? Pourquoi ?
J’ai continué parce que je suis impatient. Les éditeurs ont une tonne de livres à faire et ça peut prendre beaucoup de temps avant que les lecteurs n’aient votre livre en main. J’aime donc publier mes récits en série, chapitre par chapitre. C’est aussi agréable d’avoir un récit qui sort régulièrement et ne disparaît pas pendant des années. Ça m’aide à me sentir connecté.
Allez-vous continuer à auto-éditer dans les prochaines années ?
Je pense que je le ferai. Je voudrais prendre une pause après "AUTOMA" parce que je sens que je bosse dur depuis des années et que je veux voir comment je vais réagir si je fais une pause et que j’ai moins de pression.
Pour vos livres qui sont passés de l’auto-édition à l’édition, quelles questions de remontage ou de format se sont posés ? Comment voyez-vous la relation entre les deux ?
C’est différent pour chaque livre. Pour moi, ça revient en fait à s’assurer que la conception et le format correspondent au travail. C’était très important par exemple que la première édition de "The end of the fucking world" soit en format poche. Je voulais que ce soit intime et qu’on puisse le mettre dans un sac à main ou une poche arrière.
L’exposition
Vous pouvez nous parler des travaux que l’on peut voir dans l’exposition ?
La plupart des travaux montrés ont été imprimés chez moi sur des imprimantes laser ou sur mon imprimante Riso.