Interview de Gabby Schulz
Biographie
Où êtes vous né et où vivez-vous aujourd’hui ?
Je suis né et j’ai grandi à Honolulu, à Hawaii, aux États-Unis, et je vis actuellement dans l’État du Maine. J’ai déménagé aux quatre coins du continent nord-américain.
Quelles sont les maisons d’édition “small press” et plus officielles avec lesquelles vous avez collaboré ? Ou avez vous fait de l’auto-édition, avec un nom de “structure” ?
La maison d’édition Phase Eight Publishing d’Alec Longstreth vient de sortir une compilation de mes bandes dessinées. Microcosm Press et Secret Acres ont également publié une partie de mon travail. Je passais pas mal de temps à produire des auto-éditions en photocopie ; maintenant instagram semble remplir cette fonction...
Comment avez-vous appris votre métier d’auteur ?
Plutôt en solitaire et avec beaucoup de café !
Vivez-vous de votre art, sinon comment faites-vous pour tenir le coup ?
Je gagne techniquement ma vie avec mon art, mais je bosse vraiment pour pas grand chose et je suis constamment fauché. Mes dépenses sont extrêmement faibles. Vivre dans les bois du Maine a beaucoup aidé.
Auto-édition
Qui / comment a été ton premier contact sur la scène de l’auto-édition ?
J’ai commencé à dessiner des bandes dessinées à Hawaii avant Internet, aux cours de la Factsheet 5 jours (par correspondance). À l’époque, j’écrivais et échangeais des bandes dessinées avec d’autres dessinateurs comme Jon Porcellino, Dave Cooper, Keith Knight, Dylan Williams, Adrian Tomine et James Kochalka. Étrangement, le fondateur de Vice Magazine, Gavin McGuinness, faisait de l’auto-édition à l’époque et nous avons beaucoup collaboré avant le lancement du magazine.
Pourquoi avez-vous décidé de publier vous-même ?
À Hawaii, dans les années 90, il n’y avait vraiment pas d’autres choix. Personne ne se souciait de la bande dessinée, en tout cas, ça semblait être le cas dans le coin. Malheureusement, cette idée m’a poursuivie longtemps. En vivant dans une province isolée, vous avez l’impression que vous ne valez pas grand-chose, car vous ne voyez pas grand-chose qui a trait à la culture au sens large. A partir de là, l’auto-édition a été un moyen facile de coucher sur le papier des idées impopulaires.
Qu’est-ce qui est pour toi la meilleure partie dans l’auto-édition ? Faire l’histoire, faire le livre, rencontrer le public, participer à une communauté ?
Je crois que j’aime entrer en contact avec d’autres artistes et j’aime aussi le sentiment que personne ne me dicte ce que je dois faire. Mais je n’ai pas toujours de quoi avancer les frais d’impression !
Quelle est votre meilleure expérience d’auto-édition ?
Je crois que c’est le moment à la fin des années 1990, où je suis allé à San Francisco et que le regretté Dylan Williams m’a invité à passer un après-midi chez Bill Blackbeard, archiviste de la bande dessinée. C’est la première fois que j’ai eu l’impression que ce que je faisais tout seul dans mon coin, me faisait participer à une communauté plus large.
L’auto-édition vous coûte-t-elle de l’argent, faites-vous du profit ou vous ne faites que payer ?
Je n’auto-édite plus beaucoup.
Êtes-vous un éditeur ou un distributeur pour le travail d’autres personnes ? Si oui, comment en êtes-vous arrivé ?
Non.
Quel est le rôle des conventions BD dans votre pratique d’auto-édition ?
J’y suis allé pendant des années et ça semble utile pour certains auteurs et éditeurs ; mais j’ai toujours été surpris par les dépenses que ça implique. J’ai l’impression que les conventions rapportent beaucoup d’argent aux dépens des artistes et des éditeurs. C’est sympa de retrouver des amis et de voir de nouveaux titres, mais les dépenses dépassent largement les bénéfices.
Gardez-vous des archives de vos fanzines ? Comment les préservez-vous ?
J’ai quelques copies de chaque chose que j’ai faite, mais je suis connu pour paumer tout ce que je fais.
Où imprimez-vous vos fanzines ? Passez-vous par un imprimeur ou dans un magasin de copie ?
Les magasins de photocopies ont perdu pour moi beaucoup de leur attrait une fois que ce fut devenu plus difficile de frauder en faisant des photocopies gratuites.
Lis-tu beaucoup de zines et de mini-bandes dessinées ?
Plus maintenant. Je pense qu’une grande partie de cette scène s’est déplacée en ligne. Pour des travaux plus courts, pourquoi dépenser des centaines de dollars pour imprimer sur des arbres morts lorsque vous pouvez les mettre en ligne gratuitement et augmenter votre lectorat par millions ?
Pensez-vous que votre pratique d’auto-édition est liée à votre localisation ? Comment cela correspond-il (ou non) à l’organisation du marché de la bande dessinée aux États-Unis ?
Oh mec, le magasin de bandes dessinées le plus proche, situé à des centaines de kilomètres d’ici, est actuellement en liquidation. Je n’ai jamais été trop fan de comics américains (Marvel / DC) et je dois admettre que je ne suis pas ému par sa disparition. Je commande des bandes dessinées et des zines en ligne de temps en temps sur Quimby ’s Bookstore !
Édition
Qui était ton premier éditeur ? Connaissaient-ils votre travail grâce à l’auto-édition ?
Microcosm Press a publié un recueil de mes bandes dessinées en 2006. Je pense que ce livre fut leur première expérience en bande dessinée, ou l’une des premières. Je n’avais qu’un contrat oral avec eux. Je pense qu’ils connaissaient mon travail parce qu’ils vendaient mes comics et qu’ils pirataient certains dessins que j’avais fait, pour en faire des autocollants.
Avez-vous continué à publier vous-même depuis ? Pourquoi ?
Je mets surtout des choses en ligne car je n’aime pas gaspiller du papier et c’est beaucoup moins cher et plus démocratique.
Continuerez-vous à publier vous-même dans les prochaines années ?
Seulement en ligne
Comment avez-vous géré la transition de vos mini-bandes dessinées vers des livres, en termes de format et de remontage ? Comment voyez-vous la relation entre les deux objets ?
Pour moi, la transition de la mise en page papier au numérique a toujours été difficile, car les petits imprimeurs ne vous laissent pas voir une épreuve papier du livre fini avant leur impression ; il faut juste espérer que cela sera le même chose sur papier que sur votre écran. (Et ça n’est jamais le cas !)
L’exposition
Pouvez-vous nous parler du travail que l’on peut voir dans l’exposition ?
Beaucoup de choses sont plus récentes ! Mon mode de vie transitoire a laissé une grande partie de mes originaux dans plusieurs autres états.