Interview de Joshua Cotter
Biographie
Où êtes vous né et où vivez-vous aujourd’hui ?
Je suis né à Maryville, dans le Missouri. J’ai vécu à Kansas City et à Chicago pendant quelques années. En 2010, je suis retourné à la ferme familiale avec mon épouse, la céramiste Momoko Usami, pour construire une maison et un atelier.
Quelles sont les maisons d’édition “small press” et plus officielles avec lesquelles vous avez collaboré ? Ou avez vous fait de l’auto-édition, avec un nom de structure ?
Mes cinq premières bandes dessinées et les mini-bandes dessinées suivantes ont toutes été auto-publiées. J’ai ensuite travaillé avec AdHouse Books et Fantagraphics.
Comment avez-vous appris votre métier d’auteur ?
Je suis autodidacte.
Vivez-vous de votre art, sinon comment faites-vous pour tenir le coup ?
Je ne gagne pas ma vie grâce aux livres. La plupart de mes revenus proviennent de la vente de pages originales et de travaux à la pige. Récemment, les droits de "Nod Away" ("Déplacement" en vf) ont été achetés pour la télévision et je vis de cet argent de cet argent depuis un an.
Auto-édition
Par qui/comment s’est fait votre premier contact avec la scène de l’auto-édition ?
Un ami dans une boîte où je travaillais en tant que graphiste, m’a fait découvrir le concept d’auto-édition. Après avoir fait quelques mini-comics, j’ai commencé à participer à des salons de bd indé et j’ai commencé à distribuer mon travail à travers la structure USS Catastrophe de Kevin Huizenga et Dan Zettwoch.
Pourquoi avez vous décidé de vous auto-éditer ?
C’était le moyen le plus immédiat de faire publier mon travail, et le niveau de contrôle créatif, total et personnel, me plaisait. Je pense que j’ai publié mon premier mini-comic (intitulé "FUN") en 2001.
Quelle est la meilleure partie dans l’auto-édition ? Fabriquer le récit, fabriquer le livre, la rencontre avec le public, la participation à une communauté ?
Pour moi, le dessin est la meilleure partie du processus de conception/réalisation d’une bande dessinée, qu’elle soit publiée par une maison d’édition ou auto-publiée. Je me suis aussi fait beaucoup de proches amis grâce à la bande dessinée.
Quelle est votre meilleure expérience d’auto-édition ?
Mon minicomic "Skyscrapers of the Midwest" a remporté le prix Isotope pour un minicomic à San Francisco en 2004. J’ai rencontré beaucoup de personnes qui sont maintenant importantes dans ma vie grâce à la visibilité que ce prix m’a procuré.
Est-ce que l’auto-édition vous coûte de l’argent, vous rapporte, ou a un bénéfice nul ?
J’ai toujours perdu de l’argent en auto-édition. Les récompenses de l’auto-édition n’ont jamais été financières. Ce qui compte, c’est le plaisir de créer l’œuvre, de la diffuser dans le monde et de voir ce qu’il se passe.
Êtes-vous un éditeur ou un distributeur pour le travail d’autres personnes ? Si oui, comment est-ce arrivé ?
Non.
Quel rôle joue les salons et les conventions de micro-édition dans votre pratique de l’auto-édition ?
Il est important de participer à la communauté et de faire connaître votre existence et celle de votre travail aux autres, car la "small press" et les bandes dessinées auto-éditées reposent largement sur le bouche à oreille. "Aucun homme n’est une île", etc. Les conventions sont aussi la seule opportunité que j’ai de socialisation, la création de bande dessinée étant une entreprise essentiellement solitaire.
Gardez vous une archive de vos fanzines ? Comment les conservez-vous ?
Je les garde dans une boîte de rangement en plastique.
Où imprimez-vous vos fanzines ? Est-ce que vous passez par un imprimeur ou chez un copy-shop ?
Soit une machine xerox (en mode guérilla dans la salle de copie tard dans la nuit, quand je travaillais comme graphiste), soit sur mon imprimante à jet d’encre.
Est-ce que vous lisez beaucoup de zines et de mini-comics ?
Pas autant que j’aimerais. Je n’assiste pas à autant de conventions qu’avant.
Est-ce que vous pensez que votre pratique de l’auto-édition est lié à votre situation géographique ? à l’organisation du marché de la bande dessinée aux USA ?
Je pense que l’auto-édition a beaucoup changé depuis que j’en fais partie, donc mon opinion est probablement un peu "datée". Il me semble que de nos jours, les gens peuvent au moins gagner leur vie en publiant eux-mêmes, à l’aide de Kickstarter, Patreon, etc.
Edition
Quel a été votre premier éditeur ? Connaissaient-ils votre travail grâce à l’auto-édition ?
Chris Pitzer chez AdHouse Books. Il avait entendu parler de mon travail grâce à la publicité autour de l’Isotope Award et on s’est rencontrés en faisant la file pour un autographe d’Adrian Tomine lors d’une convention à New York.
Avez-vous continué à autopublier depuis ? Pourquoi ?
Parfois. Généralement pour des projets personnels de nature plus expérimentale.
Allez-vous continuer à auto-éditer dans les prochaines années ?
C’est possible.
Pour vos livres qui sont passés de l’auto-édition à l’édition, quelles questions de remontage ou de format se sont posés ? Comment voyez-vous la relation entre les deux ?
C’est bien d’avoir quelqu’un qui s’occupe de la production. J’aime l’esthétique spécifique des livres auto-édités aussi bien que celle des livres publiés par des maisons d’édition. Chris Pitzer est un bien meilleur designer que moi. Son travail de design et de production est criminellement sous-estimé.
L’exposition
Vous pouvez nous parler des travaux que l’on peut voir dans l’exposition ?
Les pages sont des originaux de "Gratte-ciel du Midwest" et du volume 1 de "Déplacement". J’ai aussi inclus des objets liés au processus de création ; notes, croquis et matériaux utilisés.