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Indie americans

Une exposition Çà & Là / l’employé du Moi / Cultures maison

Interview de Liz Prince

Reçue le 12 juillet 2018

Biographie

● Où êtes-vous née et où vivez-vous actuellement ? Avez-vous déménagé à d’autres endroits importants entre les deux ?
Je suis née à Cambridge (Massachusetts) en 1981. Ma famille a déménagé à Santa Fe (Nouveau Mexique) en 1987, et je suis retournée dans la région de Boston en 2002 pour aller à l’école du Musée des Beaux-Arts. En 2016, mon mari et moi avons quitté le Massachusetts pour emménager à deux heures, au nord de Portland, dans le Maine.

● Quelles sont les structures de la "small press" et les autres maisons d’édition plus installées avec lesquelles vous avez collaboré / Est-ce que vous vous êtes auto-publiée sous votre nom ou en utilisant un label ?
J’ai fait beaucoup d’auto-édition, mais sans créer de maison d’édition ou de label, et tous les livres qui ont été publiés par Top Shelf Productions sont des recueils de bandes dessinées que j’ai à l’origine auto-publiées. Zest Books, un petit éditeur de littérature, a sorti mon roman graphique "Tomboy" en 2014 et, en 2016, j’ai réalisé mon premier recueil de bandes dessinées avec un éditeur indépendant de San Francisco, Silver Sprocket Bicycle Club.

● Comment avez-vous appris à être dessinatrice ?
En regardant des dessins animés et en lisant des bandes dessinées, puis en dessinant les miennes !

● Vivez-vous de votre art, sinon comment gagnez-vous votre vie ?
Je gagne ma vie grâce à mon art, mais cela a impliqué des sacrifices tels que déménager dans une ville plus abordable pour mon maigre revenu d’artiste. Les dessinateurs travaillent généralement plus de 60 heures par semaine, avec une stabilité financière moindre et aucun des avantages accordés à des employés, comme l’assurance maladie. Ce n’est pas un métier à choisir sur un coup de tête, ça c’est sûr !

Auto-édition

● Qui / comment a été votre premier contact sur la scène de l’auto-édition ?
J’ai grandi au sein de la scène punk DIY (Do It Yourself) de Santa Fe, et les zines auto-publiés en représentaient une grande partie. Mon amie Molly avait installé une exposition de zines dans notre centre artistique quand nous étions ados et je l’ai aidée à tout cataloguer, ce qui a été ma première expérience pratique avec le médium.

● Pourquoi avez-vous décidé de publier vous-même ?
Parce que je voulais faire ma propre bande dessinée et que c’était la façon la plus punk de le faire !

● Quel est pour vous le meilleur rôle dans l’auto-édition ? Concevoir l’histoire, faire le livre, rencontrer le public, participer à une communauté ?
En dépit d’avoir une carrière d’autrice publiée depuis plus de dix ans, l’auto-édition reste ma méthode préférée pour rendre public un livre. J’aime avoir un contrôle absolu sur la taille, le format, la longueur et le contenu d’un livre : l’édition traditionnelle a des normes de taille et de nombre de pages à prendre en compte, ainsi que beaucoup de stratégie marketing pour un design de couverture qui peut vous donner envie de vous arracher les cheveux. Rien de tout cela n’existe dans l’auto-édition !

● Quelle est votre meilleure expérience d’auto-édition ?
Je suis actuellement en train de publier mensuellement des recueils de petits récits du quotidien pour les personnes qui s’abonnent à mon Patreon (www.patreon.com/lizprince), et je ne me suis sans doute jamais autant amusé à publier mes propres livres. Pour chaque livre, je conçois une couverture qui reflète quelque chose qui s’est passé au cours du mois, et je peux envoyer les bandes dessinées résultantes par la poste directement aux gens qui veulent les lire !

● Est-ce que l’auto-édition vous fait perdre de l’argent, faites-vous un profit ou êtes-vous simplement rentable ?
Je gagne de l’argent avec l’auto-édition depuis un certain temps déjà, mais Patreon a certainement rationalisé le processus.

● Quel rôle jouent les conventions de bande dessinée dans votre pratique d’auto-édition ?
Au début de ma carrière, les conventions étaient l’élément le plus important du casse-tête de l’auto-promotion : maintenant que je suis plus établie en tant qu’autrice et que mon lectorat existe, je dépend beaucoup moins des conventions pour que mon travail soit vu. Je ne fais plus que des conventions auxquelles je suis invitée ou si j’ai un nouveau livre, publié par un éditeur traditionnel, à promouvoir.

● Gardez-vous des archives de vos fanzines ? Comment les préservez-vous ?
J’ai une copie de toutes mes bandes dessinées auto-éditées : je les garde dans des porte-revues en carton, de la même manière que je stocke les livres auto-publiés par d’autres artistes que je collectionne.

● Où imprimez-vous vos fanzines ? Vous passez par une imprimante ou un magasin de copie ?
Tous mes livres auto-édités sont imprimés sur une photocopieuse. J’avais l’habitude de les photocopier moi-même lorsque j’avais accès à des photocopieurs à l’école, mais maintenant j’utilise une boutique de reprographie locale à Portland, dans le Maine.

● Lis-tu beaucoup de zines et de mini-bandes dessinées ?
Oui ! Mon mari pense qu’il y a un problème, avec la quantité de bandes dessinées, de zines et de livres que j’achète tous les mois et il a probablement raison, mais j’aime rester au courant de ce qui est publié.

● Pensez-vous que votre pratique d’auto-édition est liée à l’endroit où vous vivez ? Comment cela correspond-il (ou pas) à l’organisation du marché de la bande dessinée aux États-Unis ?
Ma pratique de l’auto-édition n’a jamais vraiment eu de rapport avec ma vie en particulier. En fait, l’auto-édition semble être le moyen idéal pour diffuser votre travail, peu importe où vous vivez (vous vivez au milieu des bois à écrire des manifestes ? L’auto-édition est pour vous !) Et surtout, grâce à l’abonnement via Patreon, l’endroit où je suis, n’a plus aucune incidence sur ma capacité à mettre les livres entre les mains de mes lecteurs.

Édition

● Qui était votre premier éditeur ? Connaissaient-ils votre travail grâce à l’auto-édition ?
Mon premier éditeur a été Top Shelf Productions : ils ont publié cinq de mes livres à ce jour, et ce sont tous des recueils de bandes dessinées qui avaient été à l’origine auto-publiées. J’ai attiré leur attention sur le projet "Est-ce que tu m’aimeras encore si je fais pipi au lit ?" en leur envoyant une copie du mini-comic auto-publié et en leur demandant s’ils voulaient le publier : ils ont dit "oui" et le reste, c’est de l’histoire !

● Avez-vous continué à publier par vous-même depuis ? Pourquoi ?
Je suis toujours en train d’auto-éditer des recueils mensuels de mon journal en bande dessinée sur mon Patreon. J’adore avoir le contrôle du contenu, du design et de la taille de ces livres (ils font tous 18x8cm, avec un strip par page, et tiennent dans une enveloppe standard)

● Continuerez-vous à publier par vous-même au cours des prochaines années ?
Je prévois de poursuivre ma campagne sur Patreon le plus longtemps possible, oui !

● Comment avez-vous géré la transition de vos mini-bandes dessinées vers des livres, en termes de format et de remontage ? Comment voyez-vous la relation entre les deux objets ?
Heureusement pour moi, la mise en page de mes livres est effectuée par un graphiste chez l’éditeur, donc je n’ai pas à me soucier de cet aspect de la vie du livre. J’aborde la bande dessinée de la même manière pour mon travail auto-édité et mes romans graphiques plus longs : je dessine la bande dessinée que je veux dessiner et j’espère juste qu’elle trouvera son public ! J’aime tenir entre mes mains un de mes livres, bien imprimé en technique traditionnelle, et j’aime voir mon nom sur le dos des livres, mais je ressens le même sentiment de fierté lorsque je récupère un carton rempli de mes bandes dessinées mensuelles à la boutique de photocopies.

L’exposition

● Pouvez-vous nous parler du travail que l’on peut voir dans l’exposition ?
Vous pouvez voir plusieurs pages de mon roman graphique "Garçon Manqué", des pages de mon projet de journal en bande dessinée et d’autres pages (dont certaines inédites).
Vous pouvez également voir la version auto-publiée, en 2004, de "Tu m’aimeras encore si je fais pipi au lit ?" avec une couverture cousue à la main et le carnet original relié à la main où j’ai dessiné toutes les pages de ce livre. Et puis certains épisodes de ma série mensuelle.

{{{Biography}}} ● Where were you born, and where do you currently live ? Did you move to other significant places in between ? I was born in Cambridge, MA, in 1981; my family moved to Santa Fe, NM, in 1987, and I moved back to the Boston area in 2002 to attend the School of the Museum of Fine Arts. In 2016 my husband and I moved out of MA, 2 hours north to Portland, ME. ● What are the "small press" and more official publishing houses with which you have collaborated / Or did you self-publish under your own name or using a label? I have done a lot of self-publishing, but without creating any kind of publishing imprint for it, and all of the books of mine that have been published by Top Shelf Productions are collections of comics that I originally self-published. Zest Books, which is a small traditional book publisher, put out my graphic novel Tomboy in 2014, and in 2016 I did my first comic collection with an indie publisher in San Francisco called Silver Sprocket Bicycle Club. ● How did you learn to be a cartoonist ? By watching cartoons and reading comics, then drawing my own! ● Do you make a living from your art, if not, how​ do you manage to earn a living ? I do make a living from my art at this point, but it involved sacrifices such as moving to a city that is more affordable for my meager artist income. Cartoonists generally work upwards of 60 hours a week, with less financial stability, and no employee benefits like health insurance; it’s not a profession to join on a whim, that’s for sure! {{{Self-publishing}}} ● Who / how was your first contact in the self-publishing scene? I grew up involved in the DIY (Do It Yourself) punk scene in Santa Fe, and self-published zines were a big part of that. My friend Molly set up a zine exhibit at our teen art center, and I helped her with some of the cataloging of the items, which was my first real hands-on experience with the medium. ● Why did you decide to self-publish? Because I wanted to make my own comic book and it was the punkest way to do it! ● What is for you the best part in self-publishing? Making the story, making the book, meeting with the audience, participating in a community? Despite having a publishing career within comics for over a decade, self-publishing is still my favorite way to put out a book. I like having absolute control over the size, format, length, and content of a book: traditional publishing has size standards and book signatures (the amount of pages needed to be printed) to consider, as well as a lot of behind the scenes marketing strategy that goes into a cover design which can make you want to pull your hair out. None of that exists in self-publishing! ● What is your best self-publishing experience? I am currently self-publishing monthly collections of daily journal comics for people who subscribe to my Patreon (​www.patreon.com/lizprince​), and it is definitely the most fun I’ve had making my own books. For each book I design a wrap-around cover that reflects something that happened during the course of the month, and I get to send the resulting comics out in the mail to the folks who want to read them! ● Does self-publishing make you lose money​, do you make a profit, ​or do you simply break even? I have been making money from self-publishing for quite some time now, but Patreon has certainly streamlined the process. ● Are you a publisher or a distributor for other people’s work? If so, how did you come to it? ● What role do comics conventions play in your self-publishing practice? At the beginning of my career, conventions were the most important piece of the self-promotion puzzle: now that I am more established as an author and have a built-in audience, I rely on conventions a lot less as a means of getting eyes on my work. I only do conventions now when I’ve been invited as a guest, or if I have a new traditionally published book to promote. ● Do you keep an archive of your fanzines? How do you preserve them? I do have a copy of all of my self-published comics: I keep them in cardboard magazine holders, the same way I store the self-published books I’ve collected by other artists. ● Where do you print your fanzines? Do you go through a printer or at a copy shop? All of my self-published books are printed on a photocopier: I used to copy them myself when I had access to copy machines at school, but now I use a local copy shop here in Portland, Maine. ● Do you read a lot of zines and mini-comics? I do! My husband thinks I have a problem, with the amount of comics, zines, and books that I acquire on a monthly basis, and he’s probably right, but I like to keep current on what’s being released. ● Do you think that your self-publishing practice is related to your location? How does it fit (or not) in the organization of the comics market in the USA? My self-publishing practice has never really had anything to do with where I’m specifically living, in fact, self-publishing seems like the perfect way to put out your work regardless of where you live (shack in the middle of the woods, writing manifestos? Self-publishing has got you covered!). Especially with running a comic subscription service on Patreon, location matters not at all to getting my books into the hands of readers. {{{Edition}}} ● Who was your first publisher? Did they know your work through self-publishing? My first publisher was Top Shelf Productions: they have published 5 books by me as of this exhibition, and all of them are collections of comics that were originally self-published. I got their attention with what became ​Will You Still Love Me If I Wet the Bed? ​By sending them a copy of the self-published mini comic, asking if they wanted to put it out: they said “yes” and the rest is history! ● Have you continued to self-publish since? Why? I am still self-publishing monthly diary comic collections on my Patreon: I love having the control over the content, the design, and the size of these books (the are all 7”x3” and fit in a standard envelope with one comic strip per page) ● Will you continue to self-publish in the next few years? I plan on continuing my patreon campaign into the foreseeable future, yes! ● How have you ​handled ​the transition of your works from mini-comics to books, in terms of format and reassembling? How do you see the relationship between both objects? Luckily for me, the layout for my books is done by a designer at the publisher, so I don’t have to mess around with that aspect of the book trade. I approach drawing comics the same way for my self-published work and my longer graphic novels: I draw the comic I want to draw, and just hope that it finds an audience! I like holding a nice, traditionally printed book of my work, and I like seeing my name on the spines of books, but I feel the same sense of pride when I pick up a box of my monthly comics from the copy shop. {{{The exhibition}}} ● Can you tell us something about the work that can be seen in the exhibition? On display you can see several pages from my graphic memoir {Tomboy}, selections from my journal comic project, and some other assorted comic pages (including some unpublished ones!). You can also see the self-published version of {Will You Still Love Me If I Wet the Bed?} from 2004, with a hand sewn cover, the original hand-bound notebook that I drew all the comics for WYLSM in, and some issues of my current, on-going monthly comic series.