Interview de Ron Rege Jr.
Biographie
Où êtes vous né et où vivez-vous aujourd’hui ?
Je suis né à Quincy, dans le Massachusetts. Je vis maintenant à Los Angeles, mais j’ai également vécu à San Francisco et Rhode Island.
Quelles sont les maisons d’édition “small press” et plus officielles avec lesquelles vous avez collaboré ? Ou avez vous fait de l’auto-édition, avec un nom de structure ?
Tout ce que j’ai auto-édité était sous mon nom. J’ai eu des livres publiés par Highwater Books, Buenaventura Press, Drawn & Quarterly, Fantagraphics et McSweeney.
J’ai contribué à des dizaines de zines, magazines, anthologies, collections, journaux et sites Web au cours des 20 dernières années.
Comment avez-vous appris votre métier d’auteur ?
Bien que j’ai un diplôme en illustration depuis 1993, j’ai tout appris sur la bande dessinée par moi-même.
Vivez-vous de votre art, sinon comment faites-vous pour tenir le coup ?
Je vis de mon art depuis une dizaine d’années.
Auto-édition
Par qui/comment s’est fait votre premier contact avec la scène de l’auto-édition ?
J’ai d’abord "rencontré" la plupart des gens via une correspondance avec eux, comme Marc Bell. Ma première rencontre, "en chair et en os", a probablement été avec Tom Devlin.
Pourquoi avez vous décidé de vous auto-éditer ?
Il n’y avait personne aux États-Unis à ce moment-là qui publierait mon travail. La culture du bricolage (D.I.Y) était florissante, tout le monde produisait ses propres objets. Ce n’était pas un choix, c’était comme ça.
Quelle est la meilleure partie dans l’auto-édition ? Fabriquer le récit, fabriquer le livre, la rencontre avec le public, la participation à une communauté ?
La meilleure partie consiste à créer 100% du travail par moi-même et à l’envoyer par la poste à un petit nombre de personnes, partout dans le monde.
Quelle est votre meilleure expérience d’auto-édition ?
Probablement quand j’ai fait mon premier livre complet de 50 pages, "The Dum Dum Posse Reader", en 1995.
En tant qu’artiste, j’avais très envie de faire mon propre livre, sans aucune aide, et je l’ai finalement fait.
Est-ce que l’auto-édition vous coûte de l’argent, vous rapporte, ou a un bénéfice nul ?
J’ai toujours réussi à gagner de l’argent. Je pense que c’est important et c’est une grande raison pour laquelle je continue à m’auto-publier.
Êtes-vous un éditeur ou un distributeur pour le travail d’autres personnes ? Si oui, comment est-ce arrivé ?
Non.
Quel rôle joue les salons et les conventions de micro-édition dans votre pratique de l’auto-édition ?
Quand j’étais plus jeune, aller dans les festivals était important. J’y allais avec un groupe de dessinateurs qui faisaient également des bandes dessinées inhabituelles. Nous faisions d’étranges constructions pour exposer nos bandes dessinées, etc. J’apprécie toujours d’aller à des festivals et j’aime la variété qu’on peut y retrouver mais je n’y vais plus très souvent. Aujourd’hui, j’y vais quand j’ai un nouveau livre à promouvoir ou si je suis invité.
Gardez vous une archive de vos fanzines ? Comment les conservez-vous ?
J’essaie de garder des copies de tout dans une boîte, mais c’est difficile de tout conserver !
Où imprimez-vous vos fanzines ? Est-ce que vous passez par un imprimeur ou chez un copy-shop ?
J’ai la chance d’avoir un petit magasin de photocopies indépendant près de chez moi.
Est-ce que vous lisez beaucoup de zines et de mini-comics ?
Pas autant qu’avant, mais globalement, oui, beaucoup !
Est-ce que vous pensez que votre pratique de l’auto-édition est lié à votre situation géographique ? à l’organisation du marché de la bande dessinée aux USA ?
Oui. Aux États-Unis, l’idée de la bande dessinée en tant que forme d’art ou de bandes dessinées exigeantes sur le plan artistique, n’a pas commencé avant le milieu des années 2000, lorsque les romans graphiques sont devenus très populaires. L’auto-édition a toujours été la meilleure et souvent la seule option pour les bandes dessinées d’art. Je pense qu’en Europe, l’apparition dans la bande dessinée de formes artistiques telles que la gravure, le design, l’illustration, l’abstraction ou l’expérimentation, a été mieux acceptée qu’aux États-Unis. Si j’avais travaillé en Europe, j’aurais peut-être eu plus d’opportunités en tant qu’auteur. Je pense que mes raisons pour faire de l’auto-édition seraient différentes si je n’étais pas aux États-Unis.
Edition
Quel a été votre premier éditeur ? Connaissaient-ils votre travail grâce à l’auto-édition ?
Highwater Books, oui. Tom Devlin a travaillé dans la librairie de mon quartier et gérait le rayon des zines et bandes dessinées auto-publiées.
Nous faisons tous les deux de l’auto-édition pendant des années avant qu’il ne crée Highwater Books. De vrais livres ! C’était une idée nouvelle et passionnante dans les années 90.
Avez-vous continué à autopublier depuis ? Pourquoi ?
Je vois le mini comic photocopié, envoyé par la poste, comme un format que je continuerai à utiliser tout au long de ma carrière. Je le ferai toujours.
Je continue également à publier moi-même parce que ça a toujours été beaucoup plus rentable que de travailler avec n’importe quel éditeur.
Allez-vous continuer à auto-éditer dans les prochaines années ?
Oui. Je publie actuellement un nouveau magazine chaque mois.
Pour vos livres qui sont passés de l’auto-édition à l’édition, quelles questions de remontage ou de format se sont posés ? Comment voyez-vous la relation entre les deux ?
La plupart de mes romans graphiques ont été conçus comme des objets spécifiques. J’aime faire toutes les tailles de livres. Bien que je publie moi-même des petites bandes dessinées depuis 20 ans, la plupart d’entre elles n’ont pas été publiées en recueil. Une partie de la magie peut être perdue quand un petit zine est rassemblé dans un livre, ce n’est pas tout à fait pareil.
L’exposition
Vous pouvez nous parler des travaux que l’on peut voir dans l’exposition ?
J’ai choisi une sélection de pages parmi mes romans graphiques les plus importants.