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Indie americans

Une exposition Çà & Là / l’employé du Moi / Cultures maison
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See You at the Convention !

Par Benoît Crucifix

Conduire des heures à travers des plaines interminables, s’arrêter sur un parking pour dormir dans l’habitacle à même un siège coincé par des boîtes de bouquins. L’expérience n’est pas anodine pour les fanzineux américains. Si le courrier puis internet ont raccourci les distances en développant un réseau de correspondances diverses, les conventions restent un des lieux de sociabilité privilégiés de la small press. Elles permettent aux auteures, lecteurs, éditrices, critiques, archivistes et autres passionnées de se retrouver et d’échanger leurs travaux, de tisser des liens plus étroits. Alors qu’ils vivent le reste du temps en relative isolation, séparés par des milliers de kilomètres, travaillant à des rythmes cadencés par des zones horaires différentes, les conventions offrent l’occasion de se rencontrer ou de se retrouver et de découvrir les productions émergentes.

Les comic-cons, dont l’exemple phare reste celle de San Diego, se sont au cours du temps largement diversifiées et spécialisées au rythme des différentes sous-cultures ; la comic con reste encore associée à tout un imaginaire d’une culture geek avec laquelle la bande dessinée alternative entretient une certaine distance. Cosplayers de Dash Shaw en saisit toutes les ambiguïtés, oscillant entre parodie du fanboy et célébration d’une créativité amateur. Pas toujours à l’aise dans des conventions de plus en plus axées sur le transmédia, et évitant d’ailleurs souvent le terme de comic con, la small press américaine a établi ses propres rencontres, dont les haut-lieux sont Small Press Expo à Bethesda, MoCCA festival à New York ou encore Chicago Alternative Comics Expo. Ces évènements investissent temporairement toutes sortes d’endroits, souvent en périphérie des centres urbains : hôtels et centres de convention, salles de gym de collèges, bibliothèques et centres communautaires. En l’absence d’un financement de la culture, ces salons sont le fruit de collaborations précaires, de bénévolat, de soutiens sporadiques, d’alliances avec diverses institutions. La convention est davantage un lieu d’expression communautaire qu’un circuit économique ; le coût, physique et financier, est parfois taxant pour les participants. Les conventions se nourrissent ainsi du désir d’intégrer la small press, de participer à sa vie sociale et de faire circuler son travail pour alimenter une communauté apte à soutenir ses créateurs et à se ressourcer dans de nouvelles générations.