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Qu’entend-on par small press ?

Quand on parle de small press, s’agit-il de fanzines photocopiés ? D’auto-édition ? De publications à petit tirage ? Et quelle rapport avec des termes comme underground, independent, alternative comics ?

Small press est un terme anglais que l’on pourrait traduire littéralement par “publications à petit tirage”. Il est important de remarquer que le mot press est ici un bel exemple de faux ami puisqu’il n’est pas question de presse mais d’impression, c’est-à-dire de tirage. Dans les pays anglo-saxons, le terme small press n’est pas exclusif à la bande dessinée, et on l’utilise dans les domaines de la poèsie et de la science-fiction.

En bande dessinée, les termes small press et small-press comics sont utilisés pour désigner des publications qui vont du mini-comic de huit pages photocopié à quelques exemplaires (format A6, une simple feuille A4 pliée deux fois) au digest parfois très épais au format A5. La question du format paraît essentielle : dès que l’on atteint le format standard des comic books (17 x 23 cm) ou dès que l’on abandonne la photocopie pour l’impression, le terme small press n’est plus utilisé. On parle alors d’independent publishing ou d’alternatives (un terme surtout utilisé dans les années 1970-80).

Le terme de comix underground est né quant à lui des livres de la contre-culture calqués sur le comic book de super-héros, comme le premier Zap Comix de Robert Crumb en 1967. La diffusion des comix underground a bénéficié de l’essor des head shops (magasins consacrés aux produits associés à la consommation de drogues et au psychédélisme) et des boutiques de bouquinistes. Grâce à ces lieux de vente se crée un marché, fait de pré-commandes et de ventes fixes, organisé par un petit nombre de distributeurs, qui se révèle avantageux pour les éditeurs : le direct market.

Head shops, bouquinistes spécialisés et direct market ont fait émerger, au début des années 1980, de nombreuses structures éditoriales de petite taille, qualifiées d’independents, car détachées des principaux grands groupes d’éditeurs, dits mainstream. Attention, à la base, les independents restent inscrits dans une logique de genre (super-héros, science-fiction, heroic fantasy, etc.), et il faut parler d’alternative comics pour les oeuvres plus proches des thématiques de l’underground : critique sociale, satire, autobiographie…

Le concept de fanzine, quand à lui, désigne au début des années 60 les magazines de fans. On peut assez rapidement en trouver qui concernent la bande dessinée, contenant une bonne part de rédactionnel mais aussi souvent des bandes dessinées originales créées par des fans. Les zines deviennent au début des années 80 une culture parallèle à part entière, moyen d’expression en marge de la culture officielle où peuvent s’exprimer des intérêts minoritaires ou subversifs.
En 1986 et 1987, on assiste à un véritable boom des comics en noir et blanc grâce à la multiplication des copy-shops. N’importe quel jeune auteur avec quelques centaines de dollars en poche peut faire imprimer son comic book et espérer en vendre quelques milliers, dans le circuit des librairies spécialisées. L’exemple le plus connu est le Teenage Mutant Ninja Turtles, de Kevin Eastman, âgé de 21 ans, et Peter Laird, qui lance un comics de 500 exemplaires qui deviendra le succès que l’on connait. A partir des années 90, les comics conventions vont se multiplier et donner un nouveau canal de diffusion à toute la scène indie.

On constate que la small press est désormais l’un des extrêmes dans un spectre de publications qui vont de l’amateurisme total au professionnalisme le plus strict. Des auteurs professionnels comme Scott McCloud n’hésitent pas à publier des mini-comics tandis que des auteurs auto-édités comme Julie Doucet accèdent à un début de reconnaissance critique sans quitter la small press.