The Center for Cartoon Studies
The Center for Cartoon Studies, CCS pour les intimes, à White River Junction dans le Vermont est une école de bande dessinée avec un programme de Master en deux ans. Les élèves sont soumis à un rythme de production intense et chaque travail doit être remis sous forme de livre auto-édité en plusieurs exemplaires. L’école insiste sur toutes les étapes de la création d’un récit, de sa scénarisation à son impression. La promotion n’est pas négligée : le CCS réserve des tables dans plusieurs festivals que les élèves doivent remplir et tenir. En opposition aux comics de super héros qui dominent le marché US, le CCS forme des futurs auteurs de romans graphiques et de fanzines. Depuis sa création en 2005, l’école a diplômé des auteurs qui se sont imposé dans le paysage de la bande dessinée comme Charles Forsman, Joseph Lambert, Tillie Walden, Dakota MacFadzen, Melanie Gilman…
En 1848, White River Junction devient le centre névralgique du réseau ferroviaire du Nord-Est des États-Unis. Plus de 50 trains de passagers et une centaine de trains de marchandises y transitent quotidiennement. Mais les changements économiques et la concurrence des autoroutes viendront mettre une fin brutale à la prospérité de la ville. White River Junction passe par une longue période d’exode, et voit ses commerces remplacés par des maisons closes et des crack houses. Il faudra attendre le début des années 2000 pour voir la ville reprendre vie autour d’une communauté d’artistes et l’installation d’un théâtre.
A cette époque, James Sturm est déjà un auteur de bande dessinée reconnu internationalement. Il enseigne la bande dessinée dans une grande école New Yorkaise, mais s’y sent malheureux. La bande dessinée ne lui semble pas y être considérée comme un médium à part entière, reléguée à l’arrière-plan de l’Art avec un A majuscule. Il plaque tout pour aller s’installer à White River Junction, où il s’associe à Michelle Ollie pour fonder une école dédié à la bande dessinée. L’implantation du Center for Cartoon Studies confirme la reconversion culturelle de la petite ville.
Une des difficultés principales est alors de convaincre de jeunes nerds de venir s’installer pour deux années à 6 heures de train de New York, dans une ville de 2500 habitants. Le downtown de White River, c’est un café, un hôtel, une gare rarement ouverte, une pizzeria et deux bars (dont un où il faut être biker pour avoir le droit de rentrer). Nous sommes de plus dans le Vermont, où la neige s’installe de mi-octobre à début avril. Quand on a une vingtaine d’années, c’est un gros sacrifice.
Mais une fois la décision prise, les élèves sont accueillis dans une école de moins de 50 élèves à laquelle ils peuvent accéder 24h sur 24 et sont suivis par des professeurs actifs et reconnus (dont James Strum, Jason Lutes, Steve Bissette, etc.). Ils disposent de tout le matériel informatique nécessaire, des photocopieuses, d’un atelier de sérigraphie, du matériel de reliure, un ciné-club, une bibliothèque pleine de trésors… Le projet ambitieux et fragile a su s’affirmer, et au fil des années des anciens élèves se sont installés à proximité, des auteurs sont enus s’installer et aujourd’hui, autour de l’école gravite une vraie communauté soudée et dévouée à la bande dessinée.
Certes, il neige la moitié de l’année, mais quoi de mieux comme prétexte pour se mettre à sa table à dessin ? L’hiver, à White River Junction, a été rebaptisé drawing season.
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Le Fellowship program
L’école invite chaque année un auteur professionnel en résidence pour la durée de l’année académique. En plus d’une bourse, elle lui offre un atelier et un accès complet à l’école. Maillon manquant entre les étudiants et les professeurs, le fellow peut assister aux cours, mais il est aussi invité à en donner et son atelier est ouvert aux élèves qu’ils peut aider et aiguiller. C’est une année qui a servi de tremplin à de nombreux jeunes auteurs comme Gabby Schulz, Alec Longstreth, Max de Radiguès, Julie Delporte, Nicoles Georges, Sophie Yanow, Noah Van Sciver, Liniers…