Samandal est une revue de bande dessinée publiée à Beyrouth en trois langues, sous-titrée "picture stories from here and there". En 4 numéros de plus en plus volumineux, elle a suscité un engouement qui dépasse les frontières du Liban, ce qui fait la fierté de ses fondateurs et pose nombre de problèmes logistiques, éditoriaux et humains.
Nous avons rencontré mi-avril Hatem, graphic designer et un des fondateurs de la revue, de passage à Bruxelles. Une rencontre B to B pour évoquer les parcours de chacun, les différences culturelles de production et de réception de la bande dessinée.
La revue a débuté avec une volonté affichée de transcender les genres et les frontières. Les principales influences de la génération d’Hatem sont le comix américain et l’animation japonaise, et la bande dessinée adulte est faiblement distribuée au moyen-orient en général. Les dessinateurs de comix sont rares et surtout isolés, et il n’existe pas de support étatique ni d’école qui permettrait aux auteurs de se rencontrer via des réseaux officiels. Les fondateurs de Samandal sont donc en train de faire un travail important : fédérer les forces présentes et faire émerger une famille de dessinateurs.
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La revue semble de ce point de vue répondre à une attente, car le nombre de pages augmente de numéro en numéro, et le tirage suit une même courbe. Outre le fait que Samandal soit une première, la revue est vendue avec un prix extrêmement bas (environ un euro pour plus de 150 pages). Le succès représente donc une mise en danger car la revue est vendue à perte...
Ce succès se mesure aussi au nombre de soumissions que l’équipe rédactionnelle reçoit. Il faut lire celles-ci, et opérer des tris, ce qui pose la problème des critères de choix. L’équipe de Samandal organise un réseau, conseille, critique et met en contact dessinateurs et scénaristes. Tous bénévoles, les membres de la structure doivent faire face à l’expérience éditoriale et tous ses problèmes en brulant les étapes. La volonté de traduire le maximum de récits dans les 3 langues parlées au liban (arabes, anglais et, surprise, le français) représente encore une surcharge.
Le projet est d’une grande importance pour Beyrouth, le Liban et la région. L’ingéniosité et la réactivité de l’équipe de Samandal est assez impressionnante. Financer un projet de cette ambition, organiser création et distribution sans atelier ni bureau, est un bel exploit. Mais le maintenir dans le temps est un défi plus grand encore. Comment aider ce projet en tant que edm, petite structure bruxelloise ?
Nous avons fait par de notre expérience du net, des difficultés d’organisation interne de la structure, et évoqué des pistes de collaboration : les 24h BD, en tant qu’événement transfrontalier, peut être une première prise de contact. La collaboration sur grandpapier est un autre moyen de faire connaissance à petit pas. Et après ? Let see, il y a encore pas mal à faire.
Longue vie à Samandal.
Le site de la revue, avec le contenu intégral des premiers numéros à lire