Un amoureux transi, une femme insaisissable. A leur rendez-vous, il patiente trop longtemps. Lorsqu’elle surgit enfin du tram, yeux baissés et pommettes rouges, les frustrations de l’attente disparaissent pourtant immédiatement. Après une ballade dans la ville, un retour à l’appartement et une étreinte passionnée comblent pour un temps les vides creusés par les non-dit.
Le décor de Last nite est la ville de Bruxelles et le coeur du récit, la trahison amoureuse. Mais le vrai sujet du livre est la transmission des émotions par le dessin et la couleur. Le carnet du protagoniste, qui se remplit de notes et de croquis tout au long du récit, en est le symbole et la mise en abîme. Last Nite a été entièrement dessiné au marqueur, se construit sur des contrastes colorés et le jeu des hachures. Chaque page est une expérience pop et expressionniste jouissive, au service d’un récit teinté de nostalgie et d’amertume.
Alex de Moté est l’un des fondateurs de la maison d’édition Nos restes. Plutôt connu pour ses récits fictionnels inspirés de séries B et d’humour absurde, il livre ici un récit autobiographique inédit, dont la sincérité est appuyée par une pudique économie de texte. Last Nite se lit comme on assiste à un feu d’artifice. C’est une gerbe de couleurs vives, une fusée qui explose en plein vol, une expérience courte et brutale qui laisse des traces sur la rétine.
Last Nite est le onzième livre de la collection Vingt-Quatre, destinée à faire découvrir des récits courts, spontanés ou expérimentaux, pour quelques euros.
ON EN PARLE
– sur le blog de David Fournol