Les séries télé ont modifié en profondeur, depuis la fin des années 90’, notre rapport à la narration . Elles ont renoué avec le feuilletonesque de la littérature des journaux du 19e siècle et permis un élargissement du spectre narratif. C’est probablement ce qui permet à un récit indépendant, publié en fanzine, de devenir une série sur un major du secteur comme Netflix.
"The end of the fucking world" de Chuck Forsman est en effet paru initialement sous la forme de fanzine périodiques vendus sur Oily comics, le label de diffusion de Chuck. Compilés ensuite et publiés par Fantagraphics et l’employé du Moi, le livre est maintenant adapté en mini-série par Netflix. Il est intéressant de voir passer un récit écrit par une personne, photocopié et assemblé à la main, devenir un objet industriel dans lequel tous les noms propres disparaissent derrière le seul nom d’un distributeur globalisé.
Il faut chercher pour trouver le nom du scénariste qui a été au manettes de l’adaptation (Charlie Covell), les réalisateurs (Jonathan Entwistle et Lucy Tcherniak). Voir la page Wikipedia en anglais pour les détails.
On se réjouit pour Chuck, qui a pu assister au tournage et au montage avec ravissement. La série semble depuis sa sortie récente être remarquée par la critique et il semble qu’une deuxième saison soit en pourparler. On espère que la qualité du récit ne sera pas broyée par l’industrie culturelle.
C’est l’occasion en tous les cas de reparler de ce livre et de son auteur, sorti il y a moins de 10 ans du Center for Cartoon Studies, l’école du Vermont où Max de Radiguès a rencontré Chuck et noué avec lui amitié et collaboration.
Chuck a aussi publié "I am not okay with this", un récit qui sera remanié et traduit prochainement en français chez nous en 2018.