Un preneur de son enregistre plantes et cailloux pour les compiler sur CD. Une femme, emportée par sa lecture, se fait engloutir tout entière dans la plus luxuriante des jungles. Un homme décroche la lune dans le ciel pour la convertir en pièce de monnaie. En quelques cases, Woshibai développe sa vision parabolique du monde à travers des personnages anonymes en prise avec leurs environnements. Les récits courts et muets qui composent 20 KM/H font aussi bien appel à la poésie qu’à la philosophie. Si certains dénotent d’un onirisme saillant, d’autres se feront plus pragmatiques, mais tous se liront avec une fascination pour la volupté et la singularité de la ligne claire de ce jeune auteur chinois. Tout comme l’épure de son univers graphique, la narration est construite à partir de l’essentiel de ce que la séquentialité autorise, c’est-à-dire une seule action par case. Vingt kilomètres par heure, c’est la vitesse de déplacement d’un papillon.
Durant ses études en design industriel à Shanghai, Woshibai passe le plus clair de son temps à sécher les cours pour dessiner dans sa chambre. Après une courte carrière dans la production de jeux vidéo, il commence la bande dessinée en 2017. En quelques années, son style a beaucoup évolué pour aboutir aujourd’hui à une figuration symbolique et schématique qui caractérise ses œuvres. S’il est actif dans la scène émergente de la bande dessinée indépendante chinoise, c’est grâce aux réseaux sociaux, et notamment son profil Instagram, qu’il s’est fait connaître.