Alors qu’une nouvelle antenne-relais est en construction aux abords de la ville, des morts inexpliquées se multiplient. La thèse de l’accident est rapidement écartée car auprès de chaque victime, est retrouvée une pierre parallélépipédique qui semble relier les affaires entre elles. S’il s’agit bien de meurtres, l’identité et la motivation de leurs auteurs (un tueur en série, des opposants fanatiques au projet d’antenne-relais ?) restent mystérieuses. Mais pour les autorités légales, il s’agit de rationaliser, de trouver des causes, de protéger l’industrie des télécommunications et de dénicher des coupables. Entre un mari énigmatique et en retrait et ses collègues lourdauds, la gendarme Loreleï Soares se fie à son instinct pour faire avancer l’enquête dont les premiers suspects sont un sanglier et un lynx. S’agirait-il d’une nouvelle étape dans la guerre ancestrale entre l’homme et la nature ?
Auteur de nombreux ouvrages singuliers (chez Atrabile ou la Cinquième Couche entre autres), Thomas Gosselin s’associe à Isao Moutte au dessin pour ce polar énigmatique qui questionne habilement les rapports entre l’homme et la nature, la fragilité de leur cohabitation, les luttes de pouvoir et l’équilibre des forces. Entre scènes d’action et pages contemplatives, "La trêve, chérie" livre un épisode tendu de ce face-à-face éternel et sans pitié.
Le thème du rapport entre l’homme et la nature a été de nombreuses fois traité mais ce livre propose une tout autre approche. Construit sous la forme d’une enquête policière, le récit change régulièrement de rythme au fil des soubresauts de l’enquête ou des réflexions de ses personnages. Les courses poursuites s’enchaînent avec les questionnements identitaires dans ce polar métaphysique qui ne se refuse rien, ni la symbolique limpide d’une écluse, ni les discours menaçants d’un perroquet. "La trêve, chérie" a quelque chose du tour de force car en un peu moins de 90 pages, il aborde, de manière brillante, originale et décomplexée, rien de moins que l’avenir de l’humanité et sa cohabitation avec la nature. La richesse des textes de Thomas Gosselin joue d’ailleurs un rôle central dans cette réflexion et cet étonnant récit.