Noah Van Sciver a grandi au sein d’une famille mormone dans le New Jersey des années 90. Il est l’avant-dernier d’une fratrie de neuf enfants. À l’étroit dans la vieille bicoque qui leur sert de maison, le garçon se retrouve souvent livré à des errances solitaires. Il cherche là à se faire apprécier des cool kids de son quartier de Maple Terrace. Pourtant, il subit la plupart du temps leurs brimades qui viennent s’ajouter à celles de sa propre famille dysfonctionnelle. Avec la culture populaire il entrevoit une échappatoire et avec le dessin il arrive à s’émanciper.
C’est l’histoire d’une construction, celle d’un préadolescent qui découvre le monde « merveilleux » des comics et de la bande dessinée, à travers les publications de l’époque, celles qui usent d’antihéros ultraviolents et des mises en scène criardes. Ces univers fictionnels ne font qu’alimenter les fantasmes du jeune Noah, prêt à tout pour accéder à ces lectures interdites, quitte à se retrouver dans des situations hasardeuses et embarrassantes. L’ironie du sort place en sa possession un sac entier de comics en parfaite condition, mais il va vite devoir rendre des comptes.
De méprises en malentendus, Noah Van Sciver saisit une violence banale, les petits arrangements de l’enfance, l’indifférence des parents et un rapport complexe à la religion. On retrouve ici le caractère délicieusement misérabiliste et nostalgique, critique du déterminisme social, marque de fabrique de la prolifique bibliographie de l’auteur de Fante Bukowski. Pourtant, Maple Terrace est avant tout une comédie autobiographique, où Noah Van Sciver s’amuse de voir les lecteurs rire à ses dépens.