Figure romantique autoproclamée, Fante Bukoswki occupe l’arrière-cour de la scène littéraire américaine depuis le jour où il s’est réveillé avec la gueule de bois dans un motel miteux de Denver. Celui qui ne sera jamais l’auteur du « Great American Novel » n’en reste pas moins un personnage fascinant par sa médiocrité indifférente. En quête de reconnaissance permanente, son existence tumultueuse est faite de tribulations embarrassantes qui ont profondément offusqué le petit monde de l’édition. Pourtant, ce virtuose de l’incompétence n’était pas prédestiné à demeurer toute sa vie dans le salon des refusés. En vérité, Kelly Perkins, de son vrai nom, a rejeté le chemin tout tracé qui lui était promu pour vivre la bohème et incarner à jamais le mythe de l’écrivain maudit.
Il était donc temps de rendre hommage à cette plume truculente qui allie à la perfection frustration pathologique et narcissisme grandiloquent. C’est grâce à ce personnage fétiche, qui apparaît pour la première fois en 2015, que le jeune Noah Van Sciver s’est fait connaître du lectorat francophone. Si son double fictionnel restera toujours un raté, lui a fini par être publié et est désormais considéré outre-Atlantique comme l’un des auteurs les plus influents de la bande dessinée indépendante actuelle. Dans un grand format, Fante Bukowski,L’Œuvre complète regroupe les trois volumes de la série dans une traduction révisée, préfacée par Alex W. Inker et augmentée d’inédits.